L'étude-diagnostic et définition d'un scénario d'aménagement du site de Fleuriais à Mortagne-sur-Sèvre

Dernière modification : 01/2017

Photo : Etienne Lizambard

Fleuriais : une friche industrielle sur la Sèvre Nantaise

 

Le site de Fleuriais est une friche industrielle du bassin versant de la Sèvre Nantaise. Il s'agit d'une ancienne tannerie située sur la Sèvre Nantaise composée de deux ouvrages hydrauliques (Fleuriais amont et Fleuriais aval). La superficie totale de cette friche industrielle est de 2 hectares, dont 0,9 ha de surface bâti. Ce site a connu de multiples activités artisanales puis industrielles. Au départ moulin à papier, il fut tour à tour meunerie, filature, blanchisserie, puis enfin tannerie. Il a profondément marqué l'histoire industrielle régionale, fortement liée à l'activité textile (tissage Turpault), et possède de part son architecture des éléments marquants de ce passé.

Fleuriais, en 1970
Fleuriais, actuellement

 

Les activités industrielles ont cessé en 2006. Aujourd'hui en friche, le site n'est plus fréquenté et est sujet au vandalisme. Le site se dégrade très rapidement.

Ouvrage de Fleuriais

 

De plus, l'activité industrielle a laissé des traces et a eu des conséquences néfastes sur l'environnement : pollution du sol et de l'eau en raison des activités de la tannerie notamment. Ces pollutions sont toujours une menace pour la qualité de l'eau de la Sèvre Nantaise, alors que des enjeux importants se situent à l'aval, notamment l'usine de production d'eau potable du Longeron qui dépend entièrement de la qualité de l'eau de la Sèvre.

Enfin, la vallée de la Sèvre Nantaise sur ce site a été perturbée par la succession de recalibrages, remblaiements et aménagements. Les deux ouvrages hydrauliques ne sont plus entretenus ni manœuvrés et forment un obstacle à l'écoulement de l'eau et des vases colmatent le fond de la rivière.

 

L'étude sur le devenir du site de Fleuriais

Face à ce constat, les élus locaux ont souhaité mettre en œuvre une réflexion sur le devenir du site de Fleuriais.
C'est dans ce cadre qu'a été réalisée une étude de diagnostic et de définition d'un programme de réhabilitation. Elle a été engagée en septembre 2010 par l'IIBSN, aujourd'hui EPTB Sèvre Nantaise.

Une première étape, de septembre à décembre 2010, a consisté à établir un diagnostic précis de l'ancienne tannerie, mettant en évidence l'historique, les points forts, les problèmes, les enjeux, et les potentiels du site. Des pollutions localement importantes issues des anciennes activités de tannerie (chrome, cuivre…) ont été constatées. L'étude a aussi révélé la présence d'éléments intéressants liés au paysage et à l'architecture. La modification des deux ouvrages hydrauliques est une opportunité de retour à des eaux plus courantes et d'une plus grande diversité.

Une friche industrielle néfaste pour l'environnement mais dotée de potentiel

Un patrimoine architectural de très belle qualité

L'art de construire s'est exprimé à Fleuriais avec une grande force. L'architecture industrielle y est typique du milieu du XIXe siècle, dans la continuité des architectures que l'on trouve tout au long de la Sèvre, et en résonance avec celles des autres filatures choletaises de la famille Turpault (900 ouvriers en 1897).

 

Salle voûtée dans le bâtiment principal

Des éléments d'architecture méritent d'être soulignés. Le bâtiment central et principal, le plus ancien de l'usine textile, est exceptionnel. Il est composé de deux salles voûtées en pierres de granit d'une portée importante compte tenu de la tension de l'arc. Maintenu par un tirant métallique important, l'édifice doit sa stabilité à ce jeu habile entre la pierre et le fer permettant de grands percements en façade et donc une belle lumière dans ce qui fut probablement les salles des métiers à tisser d'une époque. Les sheds -ou ateliers avec toiture en dents de scie qui sont visibles sur d'autres sites le long de la Sèvre-, et la longère construite en brique ont aussi un intérêt architectural mais sont dans un très mauvais état de conservation. Du mobilier témoin de l'activité de tannerie,est toujours présent. Il s'agit plus particulièrement des foulons.

D'autres vestiges sont également intéressants pour comprendre le fonctionnement de l'usine textile puis de la tannerie. Le canal souterrain qui amenait l'eau à une turbine pour faire fonctionner les métiers à tisser est toujours présent et visible par endroit. La cheminée, haute à l'origine de 43 mètres et une chaudière rappellent que la vapeur a complété puis remplacé l'énergie hydraulique. 

 

Un bel environnement

Le contexte paysager est très intéressant avec la présence du coteau, des terrasses, des chemins de pierre, des chaos rocheux, le contact étroit avec la Sèvre, l'ambiance sonore…

Le site de Fleuriais est bordé par un ENS, cet espace ouvert au public présente un fort potentiel de valorisation environnementale et créé un lien de qualité avec la ville à travers le coteau…

La Sèvre bénéficie d'un fort potentiel grâce aux blocs granitiques, aux fonds sableux, à quelques plantes aquatiques et plantes amphibies, sur les rives qui créent des habitats favorables à la petite faune et aux poissons. Ce potentiel serait davantage valorisé par des actions de renaturation du cours d'eau.

On note la rareté des particules fines, sur lesquelles se fixent une majorité de micropolluants organiques et minéraux, même dans les zones dénuées de courant.

Les chaussées créent un modeste plan d'eau, d'autant qu'elles sont en partie détériorées et que leur vanne est hors d'usage. Toutefois, même dans cet état, elles sont à l'origine de la rupture de la continuité écologique préjudiciable au fonctionnement écologique du cours d'eau. Une des deux chaussées a été rehaussée sans autorisation à l'époque où l'usine fonctionnait encore.

Un site fréquenté pour les loisirs

Le canoë-kayak, la pêche et l'escalade sont pratiqués tout près du site. Enfin, de nombreux sentiers, pédestres, équestres et VTT longent les bords de Sèvre au droit de Fleuriais, notamment le GR de Pays Sèvre et Maine.

Le site est visible de la route nationale et proche des grands axes, ce qui provoque des nuisances sonores. Mais cette position permet de faire de Fleuriais, un site « vitrine » intéressant.

Malgré un accès en « cul de sac », la proximité de l'espace économique de Fleuriais en aval est un atout.

Enfin, le site est complètement intégré dans de vallée de la Sèvre, tourné vers le tourisme, les loisirs de plein air, le sport…

Des travaux de dépollution avant d'envisager une valorisation du site

Une friche industrielle polluée

Le diagnostic a montré que la pollution était présente mais localisée. Le site renferme du cuivre, du chrome et du sodium dans l'eau de la Sèvre en rive droite, à hauteur de la tannerie. Ces polluants sont stockés en quantités importantes dans les bassins d'épuration et bâtiments de l'usine. On y trouve aussi des hydrocarbures et des graisses, vraisemblablement des PCB, du sel. Quant aux autres produits chimiques autrefois utilisés par l'usine, tous sont dangereux pour l'environnement, les organismes aquatiques et pour l'homme, on ne sait pas encore s'il en reste des traces sur le site. Ce potentiel polluant, déjà notable, est amplifié par le caractère inondable du site. L'ensemble du site est submersible par la crue de référence du Plan de Prévention des Risques d'Inondations (PPRI).

La dépollution et la mise en sécurité finalisée en 2013

En parallèle de la démarche de l'EPTB Sèvre Nantaise, les acteurs locaux ont sollicité l'Etat afin que les risques de pollution provenant du site de Fleuriais soient contenus.

Ainsi, l'ADEME a été missionnée par l'Etat afin de prendre en charge la dépollution du site. En juillet 2011, une première série d'interventions a permis de retirer les matériaux les plus dangereux avec l'évacuation de transformateurs contenant du PCB. Fin 2011, les bâtiments ont été sécurisés avec la condamnation de tous les accès et portes et la suppression des 10 derniers mètres de la cheminée qui menaçaient de s'effondrer. Des études ont aussi été réalisées afin de déterminer précisément l'état de pollution des sols et des bâtiments et les modalités de mise en œuvre des actions de dépollution à prévoir. La dépollution des sols, très localisée, l'évacuation des matières polluantes, et la décontamination des bassins de l'ancienne station d'épuration et des canaux sont programmés au printemps 2013. Au terme de ces travaux, le site sera considéré comme étant dépollué et mis en sécurité.

Il reste toutefois plusieurs facteurs de dégradation du site :

  • la présence de deux ouvrages hydrauliques qui provoque un mauvais fonctionnement de la rivière,
  • le champ d'expansion des crues qui est limité par l'emprise du site de Fleuriais dans le lit majeur,
  • le paysage dégradé avec la présence d'importants bâtiments en voie de délabrement.

La proposition d'un projet de gestion de Fleuriais

Les modalités de dépollution du site étant connues, et les garanties de disposer d'une zone dépolluée et sans danger pour l'extérieur obtenues, la seconde phase de l'étude sur le devenir du site de Fleuriais a pu être réalisée fin 2012.
A l'appui d'un diagnostic comprenant les aspects environnementaux, paysagers, architecturaux, plusieurs scénarios de gestion ont été proposés. Différents niveaux d'interventions pour la mise en valeur du site ont été évalués par les membres du comité de pilotage.

Le scénario retenu est de poursuivre la sécurisation du site en supprimant les bâtiments les plus vétustes, dangereux et sans intérêts architecturaux particuliers, et de restaurer le bâtiment central par une réfection extérieure. Les silhouettes des sheds et les fondations de la longère et son escalier pourraient être conservés et mis en scène. Les édifices au droit de la rivière, qui ont été fortement remaniés au cours des décennies d'activité et très dégradés notamment par un incendie, seraient supprimés pour laisser réapparaître la rivière sur le site actuellement invisible. De plus, le site retrouverait un caractère plus naturel et permettrait une expansion de la rivière en période de crues.

Le site devrait être relié aux espaces publics avoisinants (GRP, zone d'activité).

La vallée de la Sèvre ainsi réaménagée pourrait servir d'espace d'interprétation pour présenter la longue histoire de Fleuriais et des activités qui s'y sont développées : foulons, paysagement des anciens passages d'eau marquant l'exploitation de la force hydraulique, la cheminée, le bâtiment majestueux au centre du site…

Elle pourrait aussi être le support d'animations et d'évènements en lien avec le riche passé industriel de la Sèvre.
Enfin la Sèvre pourrait retrouver un profil de cours d'eau plus naturel par des interventions qui visent la réduction d'impact des ouvrages hydrauliques tout en conservant une trace de leur rôle dans le fonctionnement passé de la filature.

Aménagement et mise en scène du site de Fleuriais envisagés dans le scénario retenu dans le cadre de l'étude. Source (Aquascop / Atelier des Aménités / RetC / Hydratec)

En plus de l'EPTB Sèvre Nantaise, ce projet mobilise différents acteurs locaux tels que les communes de Mortagne-sur-Sèvre et de La Verrie, la communauté de communes de Mortagne-sur-Sèvre, le conseil Général de la Vendée, le syndicat de la Sèvre aux Menhirs et Roulants et de ses affluents.

Un plan d'intervention sera décidé prochainement avec ces acteurs afin de concrétiser les travaux d'aménagement dans les prochaines années.

Voir aussi le dossier "Sauvegarder la mémoire vivante de la Sèvre Nantaise" ci-dessous