La qualité de l'eau en pesticides

Les pesticides (produits phytopharmaceutiques ou phytosanitaires, biocides) sont des produits chimiques appliqués sur une culture, des plantes ou des aliments pour lutter contre des organismes vivants jugés nuisibles. Ils rassemblent les insecticides, les fongicides, les herbicides ou désherbants, les parasiticides. Ils regroupent plus de 1000 substances chimiques appartenant à près de 150 familles chimiques différentes. Ils peuvent polluer l'eau à des concentrations infimes.

Les objectifs

La Commission Locale de l'Eau a fixé 2 objectifs concernant les pesticides :

  • 0,5 µg/L pour le cumul des substances actives analysées* (pour 90% des mesures) à horizon 2021
  • 0,1 µg/L par substance active analysée à horizon 2021

* : pour une liste de constante de 342 substances

Respect de l'objectif pour le cumul des substances actives en 2022

En 2022, sur les 17 stations faisant l'objet d'un suivi des pesticides avec une fréquence suffisante pour analyser les résultats :

  • 2 stations respectent l'objectif du SAGE
  • 3 stations présentent entre 10 et 40% de dépassements
  •  5 stations présentent entre 40 et 80% de dépassements
  • 7 stations présentent plus de 80% de dépassements

2 stations sur 17
respectent l'objectif SAGE pour le cumul des pesticides en 2022

La carte ci-dessous présente pour chaque station faisant l'objet d'un suivi des pesticides le résultat obtenu pour l'année 2022 : respect de l'objectif (pastille verte) ou non respect (pastille jaune, orange, rouge).

Vous pouvez agrandir la carte en cliquant sur le bouton en haut à droite de la carte.

Les principaux micropolluants retrouvés en 2022

Le graphique ci-dessous présente les 25 substances actives "les plus retrouvées" dans les eaux de l'ensemble du bassin de la Sèvre Nantaise en 2022.

Comment lire le graphique ?

Pour chaque substance active (molécule(s) composant un pesticide ou autre micropolluant), le taux de quantification correspond au nombre de fois où cette substance a pu être quantifiée (c'est à dire que sa concentration a pu être mesurée) sur le nombre de fois où elle a été recherchée.

Ce taux est exprimé en pourcentage. Dans le cas où la substance active est quantifiée, sa concentration peut dépasser le seuil de 0,1 µg/L (en orange), voire de 2 µg/L (en rouge).

151
c'est le nombre de substances actives quantifiées dans les analyses d'eau en 2022 sur les 720 substances recherchées (soit 21%).

Le point sur les substances les plus quantifiées

  • L'AMPA (acide aminométhyl phosphonique), est quantifiée dans 95% des analyses réalisées sur le bassin : il s'agit notamment de la principale molécule de dégradation du glyphosate, (substance active de l'herbicide "Roundup", "Axalis", "Glyper"...). L'AMPA est également une molécule de dégradation de phosphonates contenus notamment dans des lessives, des détergents industriels et domestiques ou encore des liquides de refroidissement.
    Dans 8% des analyses l'AMPA dépasse la limite de 2 µg/L, au-delà de laquelle l'eau (brute), qu'elle soit d'origine superficielle ou souterraine, ne peut plus être utilisée pour produire de l'eau potable.
  • Le MétalochlorESA est quantifié dans 95% des analyses. Le MetolachlorESA, comme le MetolachlorOXA est un métabolite issu de du S-Metolachlore, un désherbant utilisé par les professionnels. L'AlachlorESA est un métabolite issu de l'Alachlore, herbicide interdit depuis 2008. Il est quantifié dans 47% des analyses.

    L'alachlore ESA, l'acétochlore ESA, l'acétochlore OXA, le métazachlore ESA, le métazachlore OXA, l'alachlore OXA, le métolachlore ESA et le métolachlore OXA sont majoritairement formés dans l'environnement, le sol en particulier, par biodégradation des molécules mère.

    Pour mémoire, deux des molécules mère sont aujourd'hui interdites : l'alachlore et l'acétochlore.
  • Le Benzotriazole n'est pas une substance utilisée comme pesticide (il s'agit d'un additif anticorrosif utilisé notamment dans les liquides de refroidissement).
  • Le Glyphosate est retrouvé dans près de 70% des analyses dans des concentrations dépassant dans 16% des cas l'objectif de 0,1 µg/L.
  • Le Méthylphénol-4 présente diverses origines industrielles et agricoles. Cette substance peut rentrer dans la composition de pesticides, de cosmétiques, de solvants à usages industriels (ex.métalurgie), de bactéricides. Elle peut aussi être retrouvée dans des produits hydrocarbures d'origine fossile.
  • Din-butylphtalate ou Phtalate de dibutyle est utilisé essentiellement comme plastifiant pour les matières plastiques et élastomères, également employé comme additif pour les adhésifs ou les encres d'impressions.
  • Le Métobromuron est une substance herbicide d'origine agricole (pommes de terre, soja, tournesol, etc.).
  • Le Bentazone est une substance issue d'herbicides utilisés en agriculture. Son interdiction en 2020 a concerné certains usages (désherbage sur céréales par exemple) mais cette substance reste aujourd'hui autorisée sur certaines cultures telles que le maïs, les crucifères et légumineuses fourragères, le sorgho.

 

 


Origines des pesticides

L'agriculture est le premier utilisateur de pesticides, mais ceux-ci sont également utilisés très ponctuellement par les collectivités pour l'entretien de certains espaces (pour des espaces autorisés dans le cadre de la loi Labbé en vigueur depuis le 1er janvier 2017 ou ayant recours à des biocides), par les gestionnaires d'infrastructures de transport (voies ferrées, autoroutes, etc.) ainsi que par les particuliers (point d'attention: au 1er janvier 2019 seuls les biocides et produits à faible risque seront autorisés à la vente, détention et usage).


Le transfert des pesticides vers les cours d’eau et milieux aquatiques s'effectue majoritairement par ruissellement tandis que son transfert vers les eaux souterraines se fait de manière « retardée » par infiltration.

 

Effets

Les pesticides contaminent tous les compartiments de l’environnement aquatique (eau de surface, eau souterraine). Ces produits perturbent la production d’eau potable : des investissements et des coûts de fonctionnement importants sont nécessaires pour abattre leurs concentrations. Toxiques pour les êtres vivants et l’homme, leurs effets peuvent être aigus (à l’ingestion ou l’inhalation) ou retardés avec des risques de cancérogénicité, troubles de la reproduction et du développement (ce sont des perturbateurs endocriniens), troubles neurologiques...

Actions pour la reconquête de la qualité de l'eau

Retrouvez sur la page Les actions / Améliorer la qualité de l'eau, l'ensemble des actions de reconquête de la qualité de l'eau.